Avec la nouvelle année qui débute, il était temps d’inaugurer l’infolettre annoncée en automne dernier. D’autant plus que celle-ci sera le mode de communication principal les prochains temps, en attendant de trouver une alternative à Facebook, Instagram et leurs acolytes.
L’usage de ces réseaux, avec des contenus de moins en moins qualitatifs mis de l’avant, ou d’autres sciemment occultés, nous interrogeait depuis plusieurs mois déjà. Aujourd’hui, la manifestation récurrente de l’intelligence artificielle, le contexte politique des États-Unis et en toile de fond globale l’impact écologique du numérique, nous poussent à faire un pas de recul et à réfléchir à nos moyens de communiquer et à la nécessité de partager numériquement telle ou telle information.
L’idée n’est pas de couper toutes communications de Taillanderie Claudel, mais de trouver une interface qui nous ressemble d’avantage, indépendante, en open source et ne desservant pas des intérêts obscurs, pour communiquer sur ce qui fait sens pour nous dans la taillanderie que Martin pratique aujourd’hui.
On entame donc ce nouveau programme dès maintenant avec au sommaire :
On en profite aussi (mieux vaut tard que jamais !), pour vous souhaiter une bonne nouvelle année, remplie d’étincelles de joie, de partage autour de feux de forge, et d’accomplissement dans tous vos projets.
Ah, au fait ! Derrière le «on» se cache Mardjane AMIN, compagne de vie et de plus en plus de travail de Martin. Professionnelle en conservation du patrimoine bâti spécialisée dans les savoir-faire artisans, elle a attrapé le virus de la forge et de la taillanderie il y a quelques années, en travaillant comme chargée de projets aux Forges de Montréal (Québec). Une nouvelle étape se dessine donc pour Taillanderie Claudel, à deux !
Bonne lecture !
Martin et Mardjane

Cette première infolettre est l’occasion de revenir sur une grande étape passée au cours des années qui précèdent. Cette aventure a vu sa conclusion avec la réouverture de Notre Dame de Paris en décembre dernier. Après avoir contribué avec d’autres consœurs et confrères à produire des outils pour les charpentiers chargés de la restauration, j’ai (Martin) eu la chance de visiter le chantier en cours, et d’assister à une partie des célébrations de la réouverture de la Grande Dame.
Parler d’un bâtiment comme d’une personne peut sembler incongru, mais c’est ainsi que je la perçois. Elle ne peut plus m’apparaître au détour d’un livre, d’un film, d’une archive historique, sans qu’une émotion monte : « tu es ici, aussi ?! »En route pour visiter une nouvelle fois la charpente retrouvée, à la veille d’assister à la messe des compagnons, à un détour du métro, elle surgit, en même temps qu’un sourire à mes lèvres et un mot silencieux de salut. Et au coeur de la nouvelle forêt, au pied de la flèche, accompagnant architectes, charpentières et charpentiers, je suis encore émerveillé par la beauté de l’ensemble, de tous ces efforts humains contemporains qui se joignent à tous ceux des siècles passés. Toutes ces traces de haches sur les poutres fraîches, de haches qui sont sorties de nos mains.
Le lendemain, nous passons par les grandes portes, pour la première fois depuis des années. Quand le grand orgue commence à gronder sourdement de sa profonde et immense voix, dans ces lieux restaurés comme jamais, l’émotion est intense, même pour quelqu’un éloigné de la religion.
Je pense à ceux qui m’ont amené à être là aujourd’hui, qui m’ont accompagné, m’ont transmis une part du métier. J’invoque la mémoire de Bernard Solon, un de mes plus chers initiateurs, et à tous les anciens. J’espère qu’ils seraient fiers de nous, d’avoir essayé de rallumer le feu, de se rendre utile à une communauté, et faire parler à nouveau de ce métier presque oublié : taillandier.
C’est une étape d’un parcours que j’ai commencé il y a une vingtaine d’année et que j’espère long encore, mais qui sera marqué par cette expérience étonnante : humblement, avec les compétences que j’ai acquises et celles qui me font défaut, j’ai participé à faire des haches qui ont laissé leur traces sur la charpente de Notre Dame de Paris.
Je dédie ma part de l’ouvrage à mon maître, le forgeron Franc Comtois Robert Greset.
Des liens vers des entrevues réalisées au moment de la réouverture de la cathédrale :
Il y a quelques mois, on rencontrait Jocelyn, un artisan-rémouleur créateur du vélo-meule. Son idée : proposer un affûtage low-tech de lames (du petit couteau jusqu’à la faux) en utilisant la force de ses jambes pour se déplacer et pour actionner la petite meule à eau installée sur son guidon.
Au fil des discussions et de l’intérêt se créant pour le travail de l’un et de l’autre, on s’est dit qu’il y avait là un duo à inventer sur notre marché local, à Langon : l’un à la retape des outils (Martin) et l’autre à l’affutage (Jocelyn).
C’est ainsi qu’est née la boîte à retaper les outils. Le principe est simple : le 1er mardis du mois, sur la marché de Langon, d’aucun peut apporter un outil à faire réparer ; Martin, à l’aide de sa lampe frontale de médecin-taillandier osculte l’outil, effectue son diagnostic des pathologies et propose une intervention de réparation (ré-aciérage, reprise des profils, réparation des fissures, ré-emmanchage, etc). Selon l’ampleur des interventions à mener, la réparation est effectuée sur place dans la soirée à l’aide de sa forge mobile, ou en atelier et l’outil est alors rapporté le mois suivant. L’idée, finalement, étant de donner une nouvelle vie aux outils abîmés, délaissés, oubliés dans les granges et les greniers, et de refaire du son du marteau sur l’enclume un élément du patrimoine sonore commun.

Rendez-vous les 1ers mardis de chacun mois sur le marché de Langon (35), de 17h à 19h avec des outils à faire retaper.
Si vous n’avez pas la possibilité de vous déplacer à Langon, vous pouvez aussi nous envoyer par voie postale les outils que vous souhaitez voir réparer. N’hésitez pas à nous contacter pour ça.

Les 8 et 9 février, on sera à la 8e édition de l’EKS (EuroKnifesShow), un salon dédié à la coutellerie artisanale qui se déroulera à Strasbourg (67), à l’hôtel Hilton. Pour l’occasion, des XIII sandwich fixes et pliants sont en cours de préparation.
Parmi les réflexions quasi quotidienne du taillandier : comment améliorer encore un peu le confort de travail, faciliter les étapes de production ou encore créant de la place pour rentrer de nouvelles machines (trouvées par hasard , cela va de soi…!). Plus que les autres, l’année 2025 devrait être celle des grands changements dans l’atelier, avec notamment :
De quoi occuper bien des réflexions tous les matins, en prenant le café du matin…
On tâchera de vous partager quelques uns de ces chantiers au fur et à mesure :)